mardi 12 janvier 2010

Ceux qui m'ont faite.

C'est la réponse à ma réponse du billet d'une Bloggeuse que j'adore lire qui me conduit à rédiger celui ci (tout le monde suit?).

Elle y parle de ses parents, d'une manière très touchante, comme elle sait si bien le faire.

Je n'avais jamais osé jusque là. Peur qu'il y ait trop de colère dans mes mots.
Mais on sait tous que tenir un blog équivaut parfois à une bonne psychothérapie, alors pourquoi ne pas se libérer de ces mots/maux qui sont comme des pierres dans mon cœur, et, on ne sait jamais, trouver des commentaires réconfortants ou éclairants...



D'abord il y a ma mère. Notre entourage parlait toujours d'elle en terme plus qu'élogieux. C'est normal, mon père est parti quand nous avions 7, 5 et 2 ans (moi), et elle nous a élevées, seule, dans une ville de banlieue parisienne, et malgré toutes les difficultés nous a donné une éducation nous ayant permis de devenir des "adultes responsables".
Je l'entendais parfois demander au ciel de lui donner de la force et du courage, et dire qu'elle se sacrifiait pour nous, mais que c'était normal, c'était son rôle de mère. Se saignant aux 4 vents pour qu'on ne manque jamais de rien.



Pendant 14 ans, elle n'as eu ni ami, ni amant. Elle a essayé une fois, mais comme il ne s'entendait pas avec une de mes sœurs- qui avait une dizaine d'années à l'époque-, elle a préféré rompre.


Et puis quand j'ai eu 16 ans, elle a eu un cancer. Elle n'a plus travaillé pendant quelques temps, s'est faite opérer. S'en est sortie. Ça l'a rendue "à la vie"; un vrai électrochoc.

Elle s'est dit qu'il était temps de vivre pour elle, après avoir vécu pour nous pendant toutes ces années.

Elle s'est installée avec lui, on ne savait pas où, on avait juste le numéro de téléphone.
Aucune de nous 3 ne l'aimait, mais on était quand même assez grandes pour savoir que ce n'était pas notre vie, et puis s'il la rendait heureuse...

Mais je suis la plus jeune des trois sœurs. J'avais besoin d'elle.

C'était l'année de mon bac. J'étais jalouse de mes copines choyées, qui pouvaient réviser tranquillement, leurs parents leur amenaient leur plateau repas dans leurs chambres...


Moi j'allais au lycée du lundi au vendredi et les samedis st dimanche, j'étais caissière dans une grande surface de bricolage; et pendant mes révisions, si mes sœurs étaient à la fac, je me débrouillais toute seule.
Le jour de mes 18 ans, elle m'a dit qu'elle avait fait son devoir, mais qu'en gros, elle avait terminé.


Je lui en ai tellement voulu de m'abandonner comme ça.

Je lui ai dit il y a quelques années que je ne la jugeais pas, je ne sais pas ce que j'aurais fait si j'avais été à sa place... Mais que si je pardonnais, je n'oubliais pas...



Et puis mon père. "Le géniteur", comme l'appelait parfois ma sœur ainée.


Il est parti Ma mère l'a viré quand j'avais 2 ans. Elle avait tellement de cornes qu'elle ne passait plus les portes...


Au début il tentait de respecter son droit de visite. "1 week-end sur 2". Ça n'a pas duré longtemps. En même temps, mes sœurs faisaient la gueule et moi je m'accrochait à la jupe de ma mère en hurlant, je ne voulais pas y aller...
Mais c'était lui l'adulte, et j'aime penser qu'a sa place, je n'aurai pas baissé les bras.


On ne l'a pas vu pendant plus de 10 ans. Je m'imaginais qu'il nous faisait surveiller pour savoir comment nous allions, ce que nous devenions... c'est pitoyable.

Et puis il s'est remarié. Ça ne l'a pas empêché de nous emmener en vacances avec ses maîtresses...
Il a eu un petit garçon. Quand il a eu 2 ans, je vivais à moitié chez eux, parce que j'allais au Lycée juste a côté. Je n'ai bien sûr pas pu m'empêcher de me faire cette réflexion: je les voyais vivre ensemble ce que je n'avais pas vécu avec lui. Je n'ai d'ailleurs aucune photo avec lui.



Mon père n'a pas d'amour pour nous. Il n'appelle jamais pour savoir comment nous allons, nous et nos enfants. Ne s'est pas soucié du sexe des enfants que nous attendions. N' est pas venu nous voir quand ils sont nés; n'a pas même téléphoné.

Quand Princesse a été hospitalisée (elle avait 3 mois), il ne s'en est pas inquiété.

Il ne connaît pas nos dates de naissance, a oublié nos seconds prénoms (Il m'a appelé récemment pour avoir ces renseignements, il en avait besoin pour remplir ses papiers de retraite).

Il ne se rend même pas compte d'à quel point il peut nous faire (du) mal.



Mon père nous a fait croire que nous n'étions pas aimables.
Et alors que ce sont les enfants qui sont censés quitter leurs parents, moi ce sont mes parent qui m'ont quitté. Tous les 2.

Je sais qu'il y a bien pire comme histoire de famille, mais c'est déjà beaucoup pour mon petit cœur, qui ne cicatrise pas.


P/s: Spéciale dédicace à Véro, qui m'a poussée à lever un coin du voile. Bisous.


Bande Originale du Billet: Calogero - Si seulement je pouvais lui manquer.





Il suffirait simplement
Qu'il m'appelle,
Qu'il m'appelle,
D'où vient ma vie
Certainement pas du ciel

Lui raconter mon enfance
Son absence,
Tous les jours,
Comment briser le silence
Qui l'entoure...

Aussi vrai que de loin
Je lui parle,
J'apprends tout seul
A faire mes armes,
Aussi vrai qu' j'arrête pas
D'y penser
Si seulement
Je pouvais lui manquer

Est-ce qu'il va me faire un signe
Manquer d'amour
N'est pas un crime,
J'ai qu'une prière à lui adresser
Si seulement
Je pouvais lui manquer

Je vous dirais simplement,
Qu'à part ça,
Tout va bien,
A part d'un père
Je ne manque de rien
Je vis dans un autre monde,
Je m'accroche tous les jours

Je briserai le silence
Qui m'entoure

Aussi vrai que de loin
Je lui parle,
J'apprends tout seul
A faire mes armes,
Aussi vrai qu' j'arrête pas
D'y penser
Si seulement
Je pouvais lui manquer

Est ce qu'il va me faire un signe
Manquer d'un père
N'est pas un crime,
J'ai qu'une prière à lui adresser
Si seulement
Je pouvais lui manquer


2 commentaires:

  1. Oulala Fanny !!! Ce billet est bien difficile... Je vous imagine comme Véro, une femme forte et qui a su construire sa vie malgré les souffrances de son enfance. En un mot, une femme courageuse ! Vous pouvez être fière de vous ! Et même si comme vous le dites, il y a pire cela ne diminue en rien son propre vécu et ressenti. Et pour d'autres raisons, je me range à vos côtés quand vous dites : "je pardonne mais n'oublie pas"... Un jour peut être je le raconterai aussi. Je vous embrasse.

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  2. Fanny, que te dire... que ton billet me met une sacrée boule dans la gorge... une espèce de sécheresse dans la bouche... des larmes contenues au bord des yeux... j'ai tout "imagé" dans ma tête, à chacun de tes mots (tu écris bien tu sais)... je me dis que tu as une sacrée belle volonté de vivre... une force incroyable... et un recul sur ta vie assez impressionnant...
    Il faut vraiment que je revienne en arrière sur ton blog. Je prends ce billet de plein fouet, je me reconnais dans ta sensibilité... mais je ne sais rien de la femme, de la maman que tu es aujourd'hui....
    Je vais revenir ma petite Fanny...
    Merci infiniment pour cette touchante dédicace...
    Prends soin de toi...
    Bisous tout plein...

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